Cas Public
Helen Simard : Chorégraphe invitée en résidence
Dernière mise à jour : 13 déc. 2021
Cet été, Cas Public a accueilli la chorégraphe Helen Simard dans le cadre d’une résidence chorégraphique. Pendant cette résidence, elle crée « Quand je ferme mes yeux », une nouvelle création pour le jeune public de la compagnie We All Fall Down. En ce mois de novembre, Cas Public a été ravi de l'accueillir à nouveau pour son dernier bloc de résidence.
Plongez dans un univers chorégraphique étrange et ludique où les limites de la réalité sont perpétuellement redéfinies ...!
CRÉATIONS INTERDISCIPLINAIRES WE ALL FALL DOWN
Interdisciplinaires We All Fall Down (WAFD) est un organisme à but non lucratif qui soutient et promeut la création, la recherche, la diffusion et l’innovation en danse, en musique et en théâtre, et ce par une pratique interdisciplinaire.
Fondée en 2019, la compagnie formalise 20 ans de collaboration artistique entre la chorégraphe Helen Simard et le compositeur Roger White. Sous leur codirection artistique, WAFD valorise le spectacle vivant comme lieu d’expérimentation et de prise de risque afin de déconstruire/réinventer le corps et ses façons d’entrer en relation avec le temps et l’espace — tant pour les interprètes que pour les spectateur.trice.s. À travers les créations de WAFD, le corps est parlant, dansant, musical, impulsif, vulnérable, hybride, puissant, disloqué, émotif. En automne 2020, WAFD présente sa première production officielle en tant que compagnie, PAPILLON, en webdiffusion directe de La Chapelle Scènes Contemporaines.
HELEN SIMARD
Co-directrice artistique et chorégraphe
Forte personnalité de la danse actuelle, Helen Simard œuvre dans le milieu de la danse montréalaise depuis plus de vingt ans. Originaire de Kingston, en Ontario, elle s’intéresse depuis sa jeunesse à différents styles de danse: ballet, jazz et claquettes, ainsi que le théâtre physique.

En 2000, après avoir terminé son baccalauréat , Helen travaille avec le collectif Solid State Breakdance où elle s’impose en tant que créatrice unique. Entre 2000 et 2012, elle participe à l’élaboration de neuf œuvres avec cette compagnie, présentées à travers le Canada et l’Europe. En 2010, elle retourne aux études et complète une Maîtrise en danse à l’Université du Québec à Montréal (2014).
C’est à ce moment qu’elle décide de mener ses propres projets, lesquels convient danseur.se.s et musicien.ne.s en studio pour des spectacles interdisciplinaires éclatés : elle signe les oeuvres NO FUN (2014), IDIOT (2017), DANCE SIDE OF THE MOON (2018), REQUIEM POP (2019) et PAPILLON (2020).
Fascinée par l’interdisciplinarité, Helen est artiste en résidence au Playwrights’ Workshop Montréal jusqu’en 2021 et profite de cette résidence pour écrire sa première pièce de théâtre.
PRÉSENTATION DE L'OEUVRE
« Quand je ferme mes yeux » explore le royaume du subconscient, plongeant dans un univers chorégraphique étrange et ludique où les limites de la réalité sont perpétuellement redéfinies. Basée sur les techniques du rêve lucide et l'imagerie onirique récurrente, cette création pour jeune public est centrée sur les mondes surréalistes et fantastiques que nous visitons dans la nuit.
LA THÉMATIQUE DE L’OEUVRE
Le rêve et la réinvention de ses possibilités

© Do Phan Hoi
Un rêve est une série de pensées, d’images ou d’émotions apparaissant durant le sommeil. Les rêves incluent souvent des personnes ou des lieux familiers mais sous un aspect étrange, surréaliste, voire fantastique. On se retrouve à penser, sentir et faire des choses qui seraient impossibles dans notre vie réelle. C’est peut-être la raison pour laquelle le rêve fait aussi référence au caractère extraordinaire d’un objet ou d’une expérience : un souhait, un désir profond ou un objectif intimement important deviennent des rêves dans le langage courant, autant qu’un moment particulièrement beau, pur, précieux.
Les rêves au sens large constituent une part importante et marquante de l’enfance, alors qu’une fois adulte, nous traversons la vie sans trop questionner le réel et ses lois : on tient pour acquis que le ciel est bleu, que la gravité ramène tout corps vers la terre, que l’esprit ne peut contrôler le mouvement d’un objet. Pour un enfant, la distinction entre le monde dit réel (celui de l’éveil) et le monde des rêves ou du sommeil, n’est pas toujours aussi franche, puisque l’enfant est en pleine phase d’apprentissage des limites entre vrai et faux, possible et impossible, réel et imaginaire. Leur royaume subconscient et leur vie quotidienne et éveillée sont plus poreux les uns les autres : leur monde va bien au-delà du possible et semble pleinement connecté à leur moi intérieur, à leurs désirs, leurs croyances.
Une certaine porosité entre le réel et l'imaginaire ont su inspirer le processus créatif de « Quand je ferme mes yeux ». Êtres profondément créatifs, les enfants repoussent continuellement les frontières de leur imaginaire. Quand ils ferment les yeux pour la nuit, ils s’abandonnent à un autre réel : celui du sommeil et du subconscient.
LE PROCESSUS CRÉATIF DE « QUAND JE FERME MES YEUX »
Le rêve lucide : tester le réel

© Do Phan Hoi
Les rêves, particulièrement les cauchemars, ont un rôle catalyseur et se sont révélés formateurs au sein de l’enfance de la chorégraphe Helen Simard. À l’âge de huit ans, suite au décès subit de son père, elle développe d’importants désordres du sommeil, dont certains persistent encore aujourd’hui. Elle est somnambule et éprouve des « terreurs nocturnes » : des cauchemars plus vrais que nature font que le dormeur semble éveillé. Grâce à une longue et rigoureuse thérapie du sommeil, elle apprend à naviguer ses rêves et reprend un certain contrôle du monde de son sommeil en utilisant une série de techniques de « rêve lucide ».
Durant un rêve lucide, le rêveur est activement conscient qu’il rêve. Il s’agit de maintenir une conscience de soi à même le rêve, qui nous permet ensuite de l’influencer, de modeler sa forme et son déroulement, et parfois même d’en entrer et sortir comme on le souhaite. L’une des techniques utilisées pour développer ce type de conscience est le « test de réalité » : ce sont des actions simples qui permettent au rêveur d’identifier s’il est en train de rêver ou non. L’idée maîtresse des tests de réalité est en effet d’apprendre – ou réapprendre – à remettre en doute les lois du réel. Par exemple, si on presse la main sur un mur et qu’elle passe à travers, c’est une indication sûre et fiable que l’on est en train de rêver. Et une fois que le rêveur à identifier qu’il est bel et bien en train de rêver, il peut prendre du recul par rapport à la « réalité » qu’il est en train d’éprouver.
Grâce à ces techniques, on peut donc reconquérir l’espace onirique de son subconscient, et le transformer en un monde où l’imaginaire est illimité. Avec « Quand je ferme mes yeux », le processus s’inscrit dans l’exploration du potentiel de ces techniques de rêve lucide comme un outil de création chorégraphique, afin d’élargir par la danse la portée de ce qu’on appelle le réel.
La première étape de la recherche est liée au développement des thématiques : la journalisation des rêves. Tout au long de ce projet, Helen Simard et Roger White ont créé un journal de création en inscrivant textuellement leurs rêves tous les matins en se réveillant. Leur dramaturge, Mathieu Leroux, les ont assistés dans cette pratique de journalisation en cataloguant différentes images, situations et symboles subconscients qui donneront un point de départ pour nos explorations chorégraphiques et musicales, ainsi que pour le développement de partitions d’improvisation. Des recherches et lectures théoriques sur le rêve, la créativité, l’imagination et l’enfance viendront s’ajouter à leurs réflexions.
Helen Simard crée ensuite des séquences de mouvement par ses propres improvisations. Accompagnée en studio par le compositeur Roger White, elle ancrera son vocabulaire de mouvement et ses partitions d’improvisation dans des images tirées de ses propres paysages de rêve, ainsi que ceux de White. Ces improvisations et explorations sont filmées en intégralité. Une fois que la sélection certaines séquences est faite, elle réapprend le tout, mouvement par mouvement, tel un verbatim. « Cette méthode permet de monter une sorte de grammaire de mouvements qui gardent leur qualité brute et spontanée, et maintiennent l’intuition et le subconscient au centre de la démarche. Notre objectif ici est de développer une matière gestuelle qui nous permette de se connecter à un paysage onirique et d'élargir les limites de notre univers artistique », ajoute Helen Simard.
© Do Phan Hoi
PISTES PÉDAGOGIQUES « QUAND JE FERME MES YEUX »
Activités de création UNE RÉFLEXION : UN MIROIR ET LE MOUVEMENT Habituellement, lorsque l'on se regarde dans le miroir, nous nous voyons comme nous le sommes en réalité. Notre reflet est une copie exacte de nos mouvements et de nos expressions faciales. Cependant, dans un rêve, notre réflexion peut être altérée.
Déroulement de l’activité : En séparant les élèves en paires de deux, désigner un élève avec le rôle de « moteur » et l’autre aura le rôle du « reflet ». Demander aux élèves de commencer par se refléter dans le monde « réel », où le reflet essaie de suivre les mouvements du « moteur » le plus précisément possible. Une fois que ces rôles ont été expliqués aux élèves, l'élève « reflet » devient la reflection du rêve. Comment cette réflection répond-elle aux mouvements du « moteur » dans cette réalité altérée ?
LE LIEN ENTRE LA DANSE ET LA MUSIQUE Dans l’univers chorégraphique d’Helen Simard, la danse est intrinsèquement liée à la musique: la chorégraphe voit la danse comme une incarnation de la musique. L’utilisation de la musique live résonne donc à travers le corps des danseurs, déclenchant des réactions physiques concrètes et viscérales, et les ouvrant à de nouvelles façons de bouger et d’expérimenter avec le mouvement. Voici trois musiques différentes, libres de droits, que vous pouvez télécharger ici: https://soundcloud.com/user-210789596-258494401/sets/cahier-pedagogique/s-8Jgq82MJOau Déroulement de l’activité : En séparant la classe en petits groupes, demander aux élèves de créer une courte séquence d’environ 20-30 secondes, sans support musical. Ne pas leur donner plus de 10 minutes pour la créer ! Il ne faut pas que ce soit parfait. Ensuite, chaque groupe présente sa séquence à trois reprises, sur trois musiques différentes. Comment la musique influence-t-elle l'interprétation de la séquence ? Est-ce que les élèves qui dansent vivent leur mouvement d’une autre façon lorsque la musique change ? Et pour les élèves qui observent, comment la musique influence-t-elle leur compréhension ou appréciation de la danse ?
Activités d’appréciation
JE RÉFLÉCHIS, J’ANALYSE …
Dans des rêves, nous pouvoir souvent avoir de supers pouvoirs que nous n'avons pas dans le monde réel. Par exemple : voler ou léviter, une force surhumaine ou être capable de contrôler des objets avec son esprit sont des pouvoirs magiques, ou en anglais, « super-powers » communs dont les gens rêvent.
Déroulement de l’activité : Demandez aux élèves de penser à un super pouvoir qu'ils aimeraient avoir dans un rêve. Ensuite, les inviter à rédiger une courte histoire sur les aventures qu'ils auraient dans leurs rêves avec ce pouvoir.
ILLUSTRER NOS RÊVES …
Dans les rêves, notre apparence est souvent différente de celle dans la vraie vie : on peut avoir trois yeux, une queue, des bras pour des jambes, ou avoir une tête géante ! Vous pourriez également être transformé en animal ou en créature fantastique.
Déroulement de l’activité : Inviter les élèves à fouiller dans leurs pensées et de se se souvenir de leur apparence. Ensuite, leur demander d'illustrer ce personnage imaginé dans leurs rêves. Quelles sont ses caractéristiques ? De quelle couleur, grandeur ? dessiner une image de la façon dont ils s'imaginent dans un rêve : quels éléments de leur vrai moi restent et quels éléments sont transformés ?